Nous avons interrogé Aurélie, co-gérante d’une de nos super boulangeries, la Boulangerie Les Délices de Thouaré située à Thouaré-sur-Loire avec son conjoint Julien, a répondu à nos questions.
Vous le côtoyez toutes les semaines et pour certains tous les jours mais connaissez-vous vraiment la vie et le parcours de votre boulanger préféré ? Comment sont-ils arrivés à s’installer dans votre ville, ce qu’ils préfèrent dans leur métier, leur vision de la boulangerie de demain ?
Margaux – Artivisor : « Bonjour Aurélie, merci pour le temps que tu nous accorde. Pour commencer, est-ce que tu pourrais nous raconter comment est-ce que tu es arrivée dans ce métier ? »
Aurélie Fourage : « J’ai fait un apprentissage en boulangerie puis je suis rapidement devenue vendeuse au sein d’une boulangerie située à Saint-Joseph de Porterie où j’ai rencontré Julien, ça a matché avec nos patrons qui nous ont vraiment donné l’envie de continuer et qui nous ont toujours soutenu. Par la suite on s’est installés avec Julien. »
« Pourquoi avez-vous choisi de vous installer à Thouaré-sur-Loire ? »
AF : “Parce qu’on voulait être en périphérie nantaise et on a été charmé par la boutique et par Thouaré-sur-Loire.”
« Tiens d’ailleurs, qu’est-ce que toi et Julien préférez dans votre métier ? »
AF : “La passion de la boulangerie-pâtisserie pour Julien, il ne se voit pas faire autre chose. Et moi, c’est vraiment le contact client, rencontrer les gens, discuter avec les habitués et découvrir de nouveaux clients.”
« Ça se ressent dans vos rôles respectifs en effet. Et qu’est ce que tu aimes le moins ? »
AF : “Le fait de ne pas pouvoir fêter Noël avec mes enfants. Depuis qu’ils sont nés, on a pas partagé ce moment ensemble, ils le fêtent avec leurs grands-parents…”
« J’imagine, c’est une période très importante pour les boulangers-pâtissiers… Et justement comment en arriver à ce métier ? »
AF : “On commence par un apprentissage et après, c’est l’amour du métier qui guide, le feeling, les stages de découverte et la passion.”
« Selon toi, quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ? »
AF : “La patience, la passion et volonté de transmettre.”
« Justement que dirais-tu aux personnes qui souhaitent se lancer dans ce métier ? »
AF : « Choisissez bien vos équipes, un bon contact, être déterminé et travailleur. Pas besoin d’études. »
« Et par la suite comment créé-t-on sa boulangerie ? »
AF : « Il faut faire un apprentissage en boulangerie puis un stage de gestion auprès de la CMA qui dure trois jours et il faut aussi avoir un petit fond financier. Au début avec Julien, on faisait des portages avec un camion et un apprenti où on livrait. Nos anciens patrons nous ont suivis, épaulés et renseignés. Il faut surtout être entouré d’un bon comptable, engagé. Personnellement, j’avais fait un CAP vente en apprentissage, on s’est lancés à 21 ans et on a appris sur le tas. Le plus dur, c’est la gestion des papiers et surtout du personnel, les relations humaines comptent énormément. »
« Ça pourra intéresser plus d’une personne, merci ! Parlons un peu des produits… Comment les choisissez-vous ? »
AF : « La règle numéro un, c’est le local, ensuite c’est le prix et surtout les valeurs des fournisseurs. Notre farine provient de la minoterie Bourseau, on ne se voit pas aller ailleurs car c’est moulin familial aux valeurs que l’on partage et pour les œufs nous, on en prend de poules en plein air et pas de poules entassées dans des poulaillers, on fait très attention à ça et on sélectionne des produits assez haut de gamme. En ce moment, on prend de l’avance dans nos stocks par sécurité et aussi pour anticiper la flambée des prix. »
« J’imagine, tout est chamboulé dans les livraisons depuis des mois… Quel est ton produit préféré de la boutique ? »
AF : « La baguette parce que c’est la base la baguette française ! On a fait le choix de ne pas augmenter nos pains blancs, nos baguettes tradition parce que je me dis que si un français n’arrive pas à acheter sa baguette de pain, c’est grave. Les gens viennent pour une baguette ou un pain, on vend encore des pains de deux qui se conservent très longtemps, ce qui peut faire trois ou quatre jours donc pour moi, mon produit préféré c’est la baguette. »
« Un classique ! Et une très belle démarche. Concernant le 100% fait-maison qui vous tient à coeur et qui devient rare, selon toi quels sont les avantages et quels sont les inconvénients ?«
AF : « Pour les avantages, on ne sera jamais en rupture et c’est cette valeur de transmission, de toucher la pâte, de confectionner et d’être bien dans ses baskets, on a pas fait des études pour ouvrir un carton et le mettre en place, dans ces cas-là tu n’es pas boulanger pâtissier. Et le fait-maison c’est moins cher ! Pour les inconvénients, je n’en vois pas. »
« Et la pâtisserie fait-maison, c’est quand même ce que l’on vient chercher dans une boulangerie-pâtisserie, d’ailleurs quelles sont vos sources d’inspiration pour vos nouvelles recettes ? »
AF : « L’équipe apporte des idées, on en trouve aussi dans des livres et auprès de les chefs qui nous inspirent. »
« Comment vois-tu la boulangerie de demain ? »
AF : « J’ai peur pour les boulangeries de campagnes et les artisans locaux. Je pense que ce seront les grosses boulangeries qui résisteront… »
« Ça serait vraiment triste, je croise les doigts pour que ça n’arrive pas. Au fait, je me posais une question, selon toi pourquoi y’a-t-il peu de femmes boulangères ? »
AF : « Alors nous on a une apprentie en Boulangerie, Chloé, en deuxième année. Mais c’est quand même assez physique, les sacs de farine sont passés à 25kg, avant ils pesaient 50kg, ils ont revu ça. La morphologie d’une femme n’est pas la même que celle d’un homme. Par exemple quand il faut mettre au four, le tapis, il faut avoir de la force, des bras, il faut être assez grande parce que le four c’est assez haut. Physiquement ça peut être dur après mentalement ça change pas grand chose, on est capables de tenir ce rythme à trois heures du matin et d’enchaîner, l’amplitude horaire est la même. Après quand on aime, c’est une question de détermination mais physiquement c’est quand même beaucoup plus dur. Quand les gens voient Chloé, ils sont assez admiratifs. »
« Chaque année, vous organisez une opération caritative, comment choisissez-vous les associations à qui vous reversez des fonds ? »
AF : « Pour Octobre Rose, le cancer du sein, on a été touchés dans notre famille par nos parents qui ont été atteints de cancers. Ça peut toucher tout le monde et ce n’est que quand un proche est touché que tu réalises. Pour les galettes de fin d’année, on avait commencé par l’Œuvre des Pupilles qui aide les enfants de pompiers décédés parce qu’on est assez sensibles aux enfants. On a aussi reversé au Secours Populaire parce qu’on avait à cœur d’envoyer des enfants de Nantes en vacances. Cette année c’est les Restos du Coeur ça reste populaire et ça nous tient à cœur. Aujourd’hui on peut se permettre mais dans les premières années de la vie d’un boulanger, c’est plus compliqué en général. Ces choses-là, on aurait voulu les faire dès le début mais on ne pouvait pas Sur les galettes par exemple, les bénéfices sont reversés, ça nous tenait à coeur et on peut le faire aujourd’hui. Je sais que certains boulangers aimeraient le faire mais ne peuvent pas au début. »
« Un petit mot de la fin ? »
AF : « Le plus important, c’est d’aimer ce que l’on fait. Jamais quand j’étais petite, j’aurais pensé être à mon compte comme aujourd’hui. C’est tellement important d’aimer son travail, il faut changer de métier tant qu’il est encore temps. »
Un grand merci à Aurélie des Délices de Thouaré pour son témoignage. On espère que cette interview vous aura plu et aura pu répondre aux questions que vous vous posez sur le métier de boulanger-pâtissier, et peut-être… Suscité des vocations ? 🙂